Carnets de l'Economie

La réutilisation des eaux usées autorisée pour l’agroalimentaire en France




Paolo Garoscio
09/07/2024

Le gouvernement français a franchi une étape majeure dans la gestion durable des ressources en eau. Le 9 juillet 2024, un décret et un arrêté ont été publiés, rendant pleinement opérationnel le dispositif de réutilisation des eaux usées dans les industries agroalimentaires. Cette mesure, très attendue par les professionnels du secteur, vise à réduire la pression sur une ressource de plus en plus précieuse et disputée, l’eau potable.


De l’eau réutilisée dans les ingrédients

Les nouvelles dispositions modifient le code de la santé publique, autorisant l'utilisation de certaines eaux recyclées comme ingrédient dans la composition de denrées alimentaires finales. Les eaux recyclées issues des matières premières et des processus de production peuvent désormais circuler dans le même réseau que celui destiné à la consommation humaine. L'arrêté fixe les différents usages autorisés et les exigences de qualité pour des eaux impropres à la consommation humaine, mais réutilisables pour la préparation, transformation et conservation des denrées alimentaires. Cela inclut également le nettoyage des locaux, installations et équipements.

La mise en place de ce cadre réglementaire permettra une économie importante d'eau potable, allant de 15% à 80% selon les industries. Cette réduction est particulièrement stratégique en période de sécheresse, où les restrictions sur l'utilisation de l'eau peuvent menacer l'activité des industries très dépendantes de cette ressource.

Une réponse à un problème de plus en plus courant

Après la sécheresse de 2022 et les restrictions qui en ont découlé, le gouvernement avait annoncé en mars 2023 un plan pour lever les freins réglementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles. Les industriels français de l'alimentation, tels que les fabricants de yaourts, saucisses ou légumes surgelés, ont accueilli favorablement ces nouvelles mesures. Elles leur permettent de sécuriser leur approvisionnement en eau, indispensable à leurs processus de production, et de continuer à fonctionner même en cas de restrictions sévères.

Le ministère de l'Agriculture a précisé que des instructions techniques détailleront les modalités de mise en œuvre de ces dispositions, en particulier pour l'instruction des déclarations ou des demandes d'autorisation et les modalités de contrôle.