Carnets de l'Economie

Voiture électrique : BMW commence à critiquer le projet de l’UE




Paolo Garoscio
18/10/2024

L'Union européenne s’est engagée dans une ambitieuse transition écologique en imposant une interdiction à la vente de nouveaux véhicules thermiques à partir de 2035. Cependant, cette législation, qui semble aller dans le sens de l'histoire, suscite des inquiétudes au sein de l'industrie automobile. Pour les constructeurs, la question est de savoir comment réaliser cette transition tout en maintenant la compétitivité, l’emploi et l’indépendance technologique de l’Europe. C’est dans ce contexte qu’Oliver Zipse, le président de BMW, s’est exprimé pour remettre en question la faisabilité de cet objectif.


Les enjeux de la transition : une industrie sous tension

L’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2035 pose plusieurs défis à l’industrie automobile. Si le virage vers les véhicules électriques apparaît comme une solution évidente pour atteindre la neutralité carbone, il n’est pas sans conséquences. En premier lieu, la production de véhicules électriques nécessite des infrastructures et des chaînes d'approvisionnement profondément différentes, notamment pour les batteries, qui constituent le cœur de ces nouvelles technologies.

Or, la production de batteries est dominée par la Chine, qui détient une position hégémonique sur les matières premières comme le lithium et le cobalt, indispensables à leur fabrication. Cela signifie que l’Europe risque de devenir fortement dépendante de la Chine pour répondre à ses besoins en batteries, créant ainsi un nouveau rapport de force géopolitique et économique. C'est précisément sur ce point que les constructeurs, notamment BMW, tirent la sonnette d’alarme.

BMW : un appel à la prudence face à une transition rapide

Oliver Zipse, à la tête de BMW, a publiquement exprimé lors du Salon de l’Automobile de Paris le 16 octobre 2024 ses doutes quant à l'interdiction des moteurs thermiques dès 2035. Il reconnaît l'importance de la réduction des émissions de CO2, mais considère que l'UE doit revoir ses ambitions à la lumière des réalités économiques et industrielles. Selon lui, forcer l’ensemble du marché européen à basculer exclusivement vers l’électrique en si peu de temps est non seulement dangereux pour l’industrie automobile, mais pourrait également avoir des effets pervers sur l’environnement.

Le patron de BMW avertit notamment que cette transformation rapide vers les véhicules électriques risque de rendre l’Europe excessivement dépendante de la Chine pour l’approvisionnement en batteries. En effet, la majorité des batteries utilisées pour les véhicules électriques sont aujourd'hui produites en Asie, et principalement en Chine.  Oliver Zipse plaide ainsi pour une transition technologique plus « diversifiée », où les véhicules thermiques améliorés, les hybrides et d’autres technologies à faible émission, comme les carburants synthétiques ou l'hydrogène, continueraient à jouer un rôle aux côtés des véhicules électriques. Pour lui, l’enjeu est de conserver une approche « agnostique sur le plan technologique », permettant à l’industrie européenne d’explorer toutes les voies possibles pour réduire les émissions sans s'enfermer dans une seule solution.


 










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