Carnets de l'Economie

Le visage d'une Asie sans dollar




La Rédaction
18/06/2012

Depuis le début du mois de juin, le dollar n'est plus utilisé dans les échanges commerciaux entre le Japon et la Chine. Les deux pays se sont accordés sur l'utilisation de leur monnaie au détriment du dollar, pour dynamiser leur commerce.


Le visage d'une Asie sans dollar
Vers un système "plurimonétaire"

Interrogé par Atlantico, l'analyste de Marché, Alexandre Baradez affirme que l'entrée progressive dans un nouveau système "plurimonétaire" est bel et bien en cours. Le Yuan devrait ainsi remettre en cause la suprématie du dollar dans les échanges internationaux. Cet accord passé entre la Chine et le Japon a été médiatisé, mais il n'est pas isolé. Il s'avère en effet que des accords similaires portant sur les échanges commerciaux entre certains pays ont été passés il y a déjà un certain temps. Des accords de flottement de devises ont par exemple été conclus entre la Chine et l'Argentine, mais également avec la Biélorussie. Ainsi, durant ces deux dernières années, la Chine qui n'échangeait quasiment qu'en dollar, a multiplié les ententes sur les échanges commerciaux avec d'autres pays. Et aujourd'hui, ce sont presque 10 % de son volume de commerce qui s’effectue sans le dollar. La multiplication de ce type d'accords témoigne d'une volonté avérée de contester la suprématie de la monnaie américaine. Et à ce rythme, l'on peut présumer que le Yuan va rapidement s'imposer sur les marchés commerciaux, mais également sur les marchés financiers.

Plus de compétitivité entre les monnaies

Selon Alexandre Baradez, la remise en cause des accords de Bretton Woods qui sont les bases de l'organisation du système monétaire mondial autour du dollar, n'est pas une mauvaise chose. En effet, la cohabitation du dollar avec le yuan et l'euro est favorable au développement d'une compétitivité monétaire, ce qui à terme apportera une répartition plus équitable des réserves de changes. En effet, les échanges commerciaux ne sont pas les seuls à pouvoir se passer du dollar. La vente de bons du Trésor américain amenuise par exemple les réserves de dollar de la Chine, qui réinvestit les profits de ces ventes en achetant des bons du Trésor sud-coréen ou japonais apportant ainsi une diversité des actifs, notamment au niveau des réserves de changes. Et il ne faut pas oublier l'achat de dettes souveraines, qui favorise également cette diversité. Autrement dit, la montée en puissance du yuan ne peut être montrée du doigt, car elle apporte un certain équilibre aux marchés.

Et l’euro ?

L'euro souffre certes de la crise, mais demeure une monnaie stable et forte. Les deux tiers des échanges sur le marché des changes se font en dollar ou en euro, et la place de l'euro à ce niveau n'évoluera que très sensiblement. Cette monnaie pourrait même avoir une meilleure place, car les pays d'Asie veulent réduire leur dépendance au dollar. En échangeant avec leur propre monnaie et en continuant plus favorablement avec l'euro. Sachant que l'Europe est l'un des principaux partenaires commerciaux de la Chine, il va de soi que l'euro aura une place de choix dans les échanges commerciaux. Cependant, la Chine pourrait être perdante si la récession européenne se poursuit. C'est là l'unique bémol pour la monnaie européenne. Mais au niveau du marché des changes, rien ne laisse présager que la part de l'euro risque de diminuer. Toujours est-il que le yuan prend de l'importance. Suffisamment pour que Londres décide de mettre en place de grandes places boursières pour cette monnaie.










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