Carnets de l'Economie

Lufthansa s’offre finalement ITA Airways sans ristourne




Paolo Garoscio
12/11/2024

Le 12 novembre 2024, le secteur aérien européen a franchi une étape importante avec l’annonce de l’accord définitif entre Lufthansa et le gouvernement italien pour l’acquisition d’ITA Airways. Après des années de négociations ardues, ponctuées de suspensions et de désaccords financiers, Lufthansa se rapproche de son objectif d’expansion en Europe, consolidant sa position parmi les plus grandes compagnies aériennes internationales.


ITA Airways vendue à Lufthansa ?

L’accord, initialement esquissé en mai 2023, prévoit une prise de participation de 41 % dans ITA Airways par Lufthansa, pour une somme estimée à 325 millions d’euros. Cet investissement représente une première phase d’acquisition, ouvrant la voie à une prise de contrôle progressive. Lufthansa, en s’installant sur le marché italien, troisième plus grand marché aérien au sein de l’Union européenne, marque une étape stratégique de son développement en Europe. L’entrée de la compagnie allemande au capital de la jeune ITA Airways, héritière d’Alitalia, devrait permettre à la compagnie italienne de se stabiliser et de se renforcer, soutenue par la solidité et le savoir-faire opérationnel de Lufthansa.

Les discussions entre Lufthansa et Rome n’ont pas été exemptes de tensions. Lufthansa avait en effet tenté d’obtenir une réduction de 10 millions d’euros, invoquant les pertes anticipées d’ITA Airways pour le dernier trimestre 2024 et des clauses contractuelles permettant une révision du prix. Cependant, cette demande a été catégoriquement refusée par le gouvernement italien, qui a insisté sur la valeur stratégique d’ITA et la nécessité de défendre les actifs nationaux. Les autorités italiennes, en défendant cette position, ont réaffirmé leur volonté de ne pas brader la compagnie aérienne, pourtant en difficulté financière depuis des années.

La concurrence dans le secteur du transport aérien menacée ?

La validation de cet accord reste néanmoins suspendue à l’approbation de la Commission européenne. Pour garantir la concurrence, Lufthansa a dû accepter des conditions strictes, notamment la cession de créneaux aéroportuaires à d’autres compagnies pour éviter tout monopole sur certaines lignes en Europe. La Commission européenne, qui avait lancé une enquête approfondie en début d’année, s’inquiétait d’une possible réduction de la concurrence, particulièrement sur les liaisons court et long-courriers à destination et en provenance d’Italie.

L’accord entre Lufthansa et ITA Airways intervient dans un contexte de consolidation du secteur aérien européen, où les grands groupes cherchent à renforcer leur présence dans des marchés clés. Avant de parvenir à cet arrangement, ITA Airways avait suscité l’intérêt de plusieurs acteurs majeurs, dont le groupe italo-suisse MSC et un consortium comprenant Air France-KLM et Delta Airlines, associés au fonds d’investissement américain Certares. Ce dernier, favorisé par l’ancien Premier ministre Mario Draghi, avait finalement été écarté par le gouvernement de Giorgia Meloni, qui privilégiait une solution garantissant la stabilité et la croissance d’ITA.










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