Carnets de l'Economie

Développement des PME : le rôle crucial du capital-investissement




La Rédaction
18/06/2012

Les débats actuels sur la nécessaire réindustrialisation de la France sont l’occasion de souligner le rôle central que jouent les sociétés de capital investissement dans le développement des PME souvent confrontées à des difficultés pour financer leurs projets de développement. Eclairage avec les experts de Pragma Capital, un fonds d’investissement indépendant dédié à l’accompagnement de sociétés françaises de taille moyenne.


Développement des PME : le rôle crucial du capital-investissement
Dans les débats qui entourent actuellement la réindustrialisation, un point fait consensus : la bataille ne pourra être gagnée que si les PME françaises se développent et atteignent la taille critique leur permettant d’affronter victorieusement la concurrence qui caractérise une économie de plus en plus ouverte. Christophe Ramoisy, associé fondateur de Pragma Capital, un fonds d’investissement spécialisé dans le financement des PME, confirme : « L’accompagnement des entreprises de taille moyenne dans leurs projets de développement est la clef de tout projet de réindustrialisation. Ce sont ces entreprises qui ont le plus fort potentiel de croissance. Ce sont elles qui peuvent, demain, créer le plus de valeurs et d’emplois. »
 
Hélas, dans la période actuelle, la tâche des dirigeants d’entreprises en quête de financement s’avère de plus en plus complexe : échaudé par la crise, le secteur bancaire se montre en effet de plus en plus réticent à accorder des prêts. « S’il s’agit de financer l’acquisition de biens matériels durables et tangibles, comme des immeubles ou des bureaux, cela va encore car les biens acquis garantissent en quelque sorte le prêt. En revanche, lorsqu’il s’agit de financer des projets de R&D, une implantation à l’international ou un rachat d’entreprise, les banques se montrent beaucoup plus frileuses, notamment parce qu’elles ont plus de difficulté à appréhender la pertinence des projets. Cela leur semble plus risqué, parce que cela sort de leur cœur de métier… », précise Christophe Ramoisy. Les pouvoirs publics ont bien compris le péril que ce déficit de financement fait courir à l’économie. Face à la récession de 2009, ils se sont donc dotés d’outils plus opérationnels comme le Fonds stratégique d'investissement (FSI), doté de 20 milliards d'euros de fonds propres, afin de soutenir les entreprises, qui ont du mal à trouver des financements. Il faut toutefois se garder d’une illusion : l’Etat ne pourra, à lui seul, apporter des solutions ! Comme le souligne l’Observatoire des politiques publiques du magazine Challenges, « trois ans plus tard, le bilan de ce fonds souverain à la française est assez décevant: il a réalisé une soixantaine d'opérations, dont 28 seulement au profit de PME (1). »
 
Dès lors, vers qui peuvent se tourner les entrepreneurs ? Les professionnels de l’investissement privé représentent dès à présent une solution pertinente. « Les sociétés de capital-investissement ont soutenu 950 entreprises au cours des six premiers mois de 2011 », relève encore Challenges. Une belle performance dans la conjoncture actuelle, mais qui n’étonne pas Stéphane Monmousseau, également associé fondateur de Pragma Capital. « Les sociétés comme la nôtre ont une connaissance suffisamment intimes des entreprises et de leurs marchés pour ne pas se laisser impressionner par la conjoncture globale. C’est notre force : nous sommes capables et nous prenons le temps d’évaluer chaque situation et chaque potentiel au cas par cas. Et c’est du reste ce que les dirigeants nous demandent. »
 
De fait, au fil des derniers mois, Pragma Capital a ainsi finalisé de nombreuses opérations en coopération avec de nombreuses entreprises françaises de tous secteurs. Sandaya, chaîne de camping haut de gamme, a pu poursuivre son expansion et diversifier sa présence géographique grâce à l’acquisition de quatre nouveaux campings. Le groupe Demeco, spécialiste bien connu du déménagement, a été en mesure de mener une opération de croissance externe en rachetant E-Mobilia pour se doter de vingt agences supplémentaires en France. Enfin, IMV Technologies, leader mondial en biotechnologies de la reproduction a renforcé sa présence sur le marché chinois grâce à un partenariat avec l’entreprise chinoise Nelson Dofu. Dans ce dernier cas, l’enjeu est clair. « Nous sommes particulièrement fiers d’aider les entreprises françaises à aller chercher la croissance là où elle se trouve, c’est-à-dire à l’international et notamment dans les pays émergents », confie Stéphane Monmousseau.
 
Pour les associés de Pragma, c’est la proximité entretenue avec les entreprises soutenues qui a permis de faire aboutir ces projets et bien d’autres malgré la conjoncture morose. « Notre pratique quotidienne est aux antipodes des clichés dont on affuble aujourd’hui le monde de la finance », argumente Christophe Ramoisy.  Et d’expliquer : « Comme nous investissons dans des entreprises non cotées en bourse, nous ne sommes pas dans le court-termisme. Nos résultats sont en effet tributaires du succès à long terme des entreprises dans lesquelles nous prenons des participations. A rebours de toute spéculation financière, notre métier consiste donc à nous inscrire durablement dans l’économie réelle. Les sociétés comme Pragma Capital remplissent donc le rôle qui doit être celui de la finance : apporter aux entrepreneurs les moyens financiers dont ils ont besoin pour assurer leur développement. »
 
Toutefois, l’entrée d’un fonds d’investissement dans le capital d’une entreprise fait parfois encore peur à ses dirigeants « Dans l’absolu, la plupart des dirigeants préféreraient évidemment pouvoir financer leur développement sur leurs fonds propres. Mais, lorsque les projets ont une certaine envergure, c’est le plus souvent impossible. Pour ne prendre qu’un exemple, un déploiement international exige une certaine endurance. Le plus souvent, les efforts et les investissements consentis ne portent leurs fruits qu’au bout de plusieurs années. » Pour faire face à une telle aventure, le soutien d’une société de capital-investissement s’avère donc déterminant. « D’autant que nous apportons plus que de l’argent. Nous apportons aussi notre expérience de ce type de projets, nous avertissons sur les écueils à éviter, les leviers de succès à ne pas négliger. Nous mobilisons notre réseau d’experts. Nous avons aussi un rôle de conseil. Je crois pouvoir affirmer que les dirigeants que nous soutenons s’en félicitent. Parce que face aux décisions cruciales qu’ils doivent prendre, il leur est agréable de pouvoir s’appuyer sur des experts. »
 
Ce rôle de conseil et la modification de la gouvernance qui accompagne souvent l’évolution de l’actionnariat n’est-il pas douloureux pour les dirigeants, notamment lorsqu’ils ont été à l’origine de la création de leur entreprise ? « En réalité, c’est rarement le cas. Car l’évolution de l’actionnariat et celle de la gouvernance se produisent dans le contexte particulier d’une croissance. Ces modifications ne viennent pas déposséder le dirigeant de ses prérogatives habituelles. Elles l’accompagnent dans une croissance parfois exponentielle de ses responsabilités et de ses prérogatives à mesure que le projet se concrétise. Au final, j’ai pu constater que les dirigeants sont demandeurs de conseil et parfois même de processus de codécisions. En vingt ans de métier, j’ai acquis la conviction que l’on sous-estime la terrible solitude des dirigeants de PME dans l’exercice de leurs responsabilités. C’est pourquoi, au sein de Pragma, nous insistons toujours sur le rôle de partenaire qui doit être le nôtre. »
 
Une vision du métier qui doit inciter à se garder des discours simplistes tendant à opposer l’univers de l’entreprise et celui de la finance. Au carrefour de ceux-ci, le capital-investissement représente en effet, un levier indispensable au service des entreprises françaises. Qu’on se le dise, sans le concours des sociétés de capital-investissement, les batailles de la réindustrialisation, de la croissance et de l’emploi risquent de mettre encore du temps à être gagnées.
 
(1) http://www.challenges.fr/observatoire-2012/20120112.CHA9119/pourquoi-l-industrie-francaise-n-exporte-plus.html










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