Carnets de l'Economie

Le coût élevé du travail qualifié en France, un frein à la compétitivité économique




Anton Kunin
14/01/2025

La France se distingue par une « surfiscalité » du travail qualifié, qui pèse sur les secteurs stratégiques comme le numérique et l’ingénierie. Les entreprises françaises supportent un surcoût annuel de 7,9 milliards d’euros, tandis que les salariés voient leur revenu net rester inférieur à celui de leurs homologues européens, déplore le think-tank Rexecode dans une nouvelle étude. Une réforme fiscale pourrait créer près de 100.000 emplois qualifiés et relancer la compétitivité.


Une surcharge fiscale pesant lourdement sur le travail qualifié

Le modèle socio-fiscal français impose une charge exceptionnelle aux emplois qualifiés. Selon une étude de la Fédération Syntec et du think-tank Rexecode, les prélèvements obligatoires sur les salaires compris entre 1,4 et 4 SMIC dépassent en moyenne ceux des principales économies européennes de 6 à 15 points. Ces prélèvements s'élèvent à 65% du salaire brut à 2 SMIC et atteignent 74% à 2,5 SMIC, une situation unique en Europe.

En conséquence, le coût total d’un ingénieur payé 4 SMIC en France est plus élevé que dans des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, alors que le salaire brut reste inférieur. Les entreprises françaises doivent ainsi supporter des charges importantes, tout en offrant à leurs salariés un revenu disponible net souvent moindre qu’à poste équivalent à l’étranger.

Même après ajustement pour tenir compte des avantages de la couverture sociale en France (notamment en matière de santé et de retraite), l’écart fiscal reste significatif : 11 points de salaire brut à 4 SMIC. Ce déséquilibre contribue à délocaliser les talents et à freiner la mobilité sociale, en dissuadant l’accès aux formations qualifiées.

Un coût économique majeur pour les entreprises et l’économie nationale

Les conséquences de cette surfiscalité sont lourdes pour les secteurs stratégiques représentés par la Fédération Syntec. Le surcoût annuel de 7,9 milliards d’euros représente près de 12% de la masse salariale brute de ces entreprises, dont 6,6 milliards sont répercutés à leurs clients, impactant directement leur compétitivité.

La surcharge fiscale freine également la capacité d’innovation et de croissance des entreprises, dans un contexte de concurrence internationale accrue. En alignant la fiscalité sur la moyenne européenne, il serait possible de créer près de 100.000 emplois qualifiés, tout en augmentant le PIB de 0,4 point à long terme. Toutefois, la suppression envisagée des exonérations de charges dans le cadre du PLFSS 2025 risque d’aggraver la situation de plusieurs centaines de millions d’euros.

Pour Laurent Giovachini, président de la Fédération Syntec, « une réforme graduelle du coin socio-fiscal est essentielle pour préserver les emplois qualifiés et assurer la compétitivité des entreprises françaises ». Cette révision pourrait inclure un transfert de charges vers d’autres bases fiscales, comme la TVA, afin de limiter son impact sur les finances publiques à court terme, tout en stimulant la croissance et l’emploi.










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