Le chômage de chefs d’entreprise s’envole : les PME en première ligne

Le premier semestre 2024 a vu 29.958 chefs d’entreprise perdre leur emploi, un chiffre qui rappelle les niveaux records atteints il y a une dizaine d’années. Cette augmentation de 18,4% par rapport à la même période en 2023 met en lumière les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les petites et moyennes entreprises (PME). Les entreprises de moins de cinq salariés sont particulièrement touchées – c’est là qu’ont été comptabilisés près de 90% des pertes d’emploi. Les PME de 6 à 9 salariés enregistrent une augmentation de 40,2% des pertes d’emploi, avec 1.661 dirigeants concernés. Les entreprises employant entre 10 et 19 salariés ne sont pas en reste, avec une hausse de 31,1%, soit 1.378 pertes d’activité. Cette fragilité est accentuée par des structures financières insuffisantes, des charges salariales lourdes et des difficultés à rembourser les dettes liées à la crise Covid.

Les chefs d’entreprise de 40 à 50 ans sont les plus touchés, avec 8.146 pertes d’emploi, tandis que près d’un tiers des entrepreneurs ayant perdu leur emploi ont plus de 51 ans. En revanche, les jeunes entrepreneurs de moins de 26 ans sont relativement épargnés, avec seulement 704 cas recensés. Les gérants de sociétés par actions simplifiées (SAS) représentent 45,8% des pertes d’emploi, soit 13.234 dirigeants, en hausse de 28,7% par rapport au premier semestre 2023. Les entrepreneurs à la tête de SARL comptabilisent 12.273 pertes d’emploi, une augmentation de 11,1%. Les artisans-commerçants, durement touchés par l’inflation en 2023, ont vu 2.668 d’entre eux perdre leur emploi au premier semestre 2024, soit une hausse de 22,6%.

Le secteur de la construction est le plus impacté, 7.669 chefs d’entreprise ayant perdu leur emploi au premier semestre 2024, soit une hausse de 34,2%. Les travaux en maçonnerie générale et gros œuvre représentent plus d’un quart de ces pertes, avec 1.615 entrepreneurs concernés. D’autres segments du secteur sont également en grande difficulté, notamment les agences immobilières, qui enregistrent une hausse de 66,4% des pertes d’emploi, et la construction de maisons individuelles, avec une augmentation de 40,7%. Ces chiffres illustrent la crise profonde qui touche l’ensemble de la filière.

Le secteur du commerce reste sous pression malgré quelques signes encourageants dans certaines activités du BtoC. Au total, 6.456 chefs d’entreprise dans ce secteur ont perdu leur emploi, soit une augmentation de 15%. L’hébergement, la restauration et le débit de boisson comptabilisent 3.734 pertes d’emploi, dont une part importante dans la restauration rapide. Bien que la hausse dans ce secteur (+7,6%) soit inférieure à la moyenne nationale, elle souligne les difficultés persistantes. Le transport et la logistique, avec une augmentation de 30,5% des pertes d’emploi, soit 1.296 entrepreneurs, montre également une dégradation significative.

S’agissant de la distribution régionale, l’Ile-de-France est la plus touchée, avec 7.215 pertes d’emploi (+32%), suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes (3.454 pertes, +19%) et de la Normandie (+24,7%). D’autres régions, comme la Nouvelle-Aquitaine (+9,5%) et les Hauts-de-France (+6,6%), connaissent des augmentations plus modestes, mais montrent néanmoins une tendance à la hausse.