Carnets de l'Economie

La grande distribution dénonce un « matraquage fiscal » du gouvernement Barnier




Anton Kunin
15/10/2024

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) critique vivement le projet de budget 2025 du gouvernement Barnier, dénonçant une surtaxation des grandes entreprises. Elle avertit des conséquences potentielles sur le pouvoir d'achat des Français et sur l'emploi dans le secteur.


Malgré son chiffre d’affaires important, la grande distribution fonctionne avec des marges nettes structurellement faibles

La grande distribution dénonce un « matraquage fiscal » du gouvernement Barnier
La principale organisation patronale de la grande distribution, la FCD, a exprimé son mécontentement à l'égard du projet de loi de finances pour 2025 présenté par le gouvernement Barnier. Dans un communiqué publié le 14 octobre 2024, elle dénonce un « matraquage fiscal organisé » qui, selon elle, transfère la responsabilité du déficit public sur les entreprises plutôt que de la prendre en charge au niveau de l'État.

Le gouvernement prévoit en effet une contribution exceptionnelle des entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse le milliard d'euros pour redresser les comptes publics. Cette mesure touche de plein fouet la grande distribution, un secteur qui réalise un volume d'affaires d'environ 225 milliards d'euros hors taxes, mais qui fonctionne avec des marges nettes structurellement faibles.

La grande distribution menace d’augmenter les prix

La FCD estime que cette surtaxation est disproportionnée et aura des conséquences néfastes sur le pouvoir d'achat des Français. « Si on nous taxe, cela va se répercuter par l'augmentation des prix en rayon ou par de l'emploi qui sera détruit », a averti Thierry Cotillard, le patron des Mousquetaires/Intermarché, lors d'une interview début octobre 2024 sur LCI.

Michel-Edouard Leclerc, le patron de l’enseigne éponyme, partage cette inquiétude. Il a souligné dans le Journal du dimanche que « la France pratique déjà une fiscalité très lourde » et s'est déclaré « contre toutes les hausses d'impôts si on ne sait pas à quoi elles vont servir ». La FCD craint que cette pression fiscale supplémentaire n'affaiblisse un secteur clé pour l'économie française.

Menace sur l’emploi également

La grande distribution avertit que les consommateurs pourraient être les premiers touchés par ces nouvelles mesures fiscales. Une augmentation des prix en rayon est à craindre si les entreprises cherchent à compenser le poids de la taxation. Thierry Cotillard a ainsi mis en garde contre une possible hausse des prix ou une destruction d'emplois dans le secteur.

La FCD tient aussi à rappeler que le secteur de la distribution est fort de 750.000 emplois et que toute augmentation sensible du coût du travail pourrait avoir des effets délétères sur l'emploi. « Une augmentation sensible du coût du travail dans les secteurs à main-d'œuvre comme celui du commerce et de la distribution aura des effets négatifs sur l'emploi », peut-on lire dans son communiqué.

Un rétropédalage sur la politique pro-business d’Emmanuel Macron ?

La mesure a également été contestée au sein du camp présidentiel d'Emmanuel Macron. Elle est perçue comme allant à rebours d'une politique fiscale favorable aux entreprises, qui avait consisté depuis 2017 à abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés de 33,3% à 25%. Les nouvelles mesures prévues pour 2025 porteraient ce taux à 30% pour les entreprises dont le chiffre d'affaires est compris entre un et trois milliards d'euros, et à 36% pour celles au-delà.

En outre, le projet de loi de finances introduit d'autres taxes ciblées. Une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises de transport maritime est créée, ainsi qu'une taxe de 8% sur le montant de la réduction de capital résultant de l'annulation des actions rachetées par les entreprises. Ces mesures visent à augmenter les recettes de l'État, mais suscitent des inquiétudes quant à leur impact sur l'économie et l'emploi.










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