Carnets de l'Economie

La France, championne des prélèvements obligatoires en 2024




Anton Kunin
17/07/2024

En 2024, le salarié moyen français doit travailler jusqu’au 17 juillet pour financer les services publics et prestations collectives. Cette situation, révélée par une étude de l’Institut économique Molinari et le cabinet EY, met en lumière la pression fiscale et sociale record que subissent les salariés français, les plus taxés de l'Union européenne.


Les taxes et cotisations, un lourd fardeau pour les salariés

La France se distingue par sa position de leader en matière de prélèvements obligatoires, le jour de « libération sociale et fiscale » tombant le 17 juillet en 2024, a calculé le think-tank Institut économique Molinari. Cela signifie que le salarié moyen célibataire français consacre plus de la moitié de son année de travail au paiement des cotisations sociales, de la CSG et de la CRDS, de l'impôt sur le revenu et de la TVA. Le taux de fiscalité global atteint ainsi 54%, une légère diminution de 0,10% par rapport à 2023. À titre de comparaison, la Belgique et l'Autriche, respectivement deuxième et troisième du classement, affichent des taux de pression sociale légèrement inférieurs mais toujours très élevés, de 53,5% et 52,9%.

Cette pression fiscale intense se traduit par un pouvoir d'achat fortement réduit. En France, pour chaque 100 euros de pouvoir d'achat réel, un salarié moyen doit générer 218 euros, incluant 118 euros de cotisations et impôts. Ce chiffre est largement supérieur à la moyenne de l'UE, qui se situe à 84 euros. Le coût total du salarié pour l'employeur français atteint 59.458 euros, mais après déduction des charges et impôts, il ne reste au salarié que 27.326 euros nets. Cette situation résulte principalement des cotisations patronales et salariales, qui représentent à elles seules 87% des prélèvements, tandis que l'impôt sur le revenu et la TVA contribuent de manière marginale.

Les cotisations sociales sont particulièrement élevées en France

L'essentiel des prélèvements en France provient des cotisations sociales, qui atteignent 27.782 euros par salarié moyen, a calculé l’Institut économique Molinari, ce qui en fait un record dans l'Union européenne. En comparaison, le salaire net après impôts n'est que de 27.326 euros, soit un ratio de 101% de cotisations par rapport au salaire net. Cette disproportion est accentuée par la structure des dépenses publiques françaises, où les retraites représentent 24% des dépenses totales. Malgré des cotisations élevées, le rendement des retraites françaises reste faible par rapport à d'autres pays européens qui combinent répartition et capitalisation, tels que le Danemark ou les Pays-Bas.

Pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés, il est crucial d'adopter des réformes structurelles, notamment en matière de retraites, font valoir les auteurs de l’étude. La généralisation de la capitalisation retraite collective, comme pratiquée au Danemark, pourrait offrir un meilleur rapport qualité-prix tout en allégeant la charge fiscale sur les actifs. Une telle réforme permettrait de maintenir le niveau des pensions sans compromettre le pouvoir d'achat des travailleurs.