L’Europe en reprise, la France en retard : le constat d’Enrique Martinez, patron de Darty-Fnac

Selon Enrique Martinez, les deux dernières années ont été marquées par un ralentissement de la consommation des ménages. Il souligne que « la consommation reste atone, alors qu’elle est repartie chez la plupart de nos voisins européens ». Cette situation s’explique en partie par une hausse des dépenses contraintes, notamment dans les domaines de l’énergie et de l’alimentation, bien que les augmentations de salaires aient permis de préserver le pouvoir d’achat.
 
Le président de Fnac Darty observe également une réticence accrue des Français à consommer, ces derniers préférant épargner. « La France traverse une crise de confiance », déclare-t-il au JDD, évoquant un taux d’épargne élevé qui freine les dépenses de consommation. Cette tendance contraste fortement avec celle observée dans des pays comme l’Espagne ou l’Italie, où les réformes post-crise ont permis une reprise économique notable.

L’un des points importants soulevés par Enrique Martinez concerne la consommation dite « plaisir ». Bien que certains produits, comme les livres, continuent de figurer parmi les favoris des Français, le panier moyen reste limité, reflet d’une prudence accrue. Parmi les produits les plus plébiscités, il cite les jeux de société et les jouets de construction comme Lego, qui répondent à un besoin de déconnexion du numérique. 

Pour répondre à ces défis, Fnac Darty a renforcé son offre en produits reconditionnés et en services de réparation. « Ces initiatives promeuvent un nouveau modèle de consommation vertueux », indique le dirigeant, qui insiste sur l’importance d’une consommation plus durable.

Un autre sujet abordé dans l’interview porte sur l’impact du numérique sur les habitudes des consommateurs. Enrique Martinez met en avant l’importance de maintenir une diversité culturelle et de protéger les librairies indépendantes. Il rappelle que la loi Darcos, soutenue par Fnac Darty, a permis un rééquilibrage des conditions de concurrence face aux grandes plateformes en ligne.
 
    « Cette loi a rempli ses objectifs en soutenant plus de 3 000 points de vente de livres », précise-t-il au JDD.
 
Par ailleurs, il alerte sur la diminution du temps consacré à la lecture chez les jeunes, en raison de la montée en puissance des réseaux sociaux. Initiatives comme le prix Goncourt des lycéens ou le développement des espaces dédiés aux mangas au sein de Fnac Darty visent à ramener cette génération vers des pratiques culturelles plus riches.

Enfin, Enrique Martinez souligne que les différences entre la France et ses voisins européens sont également visibles dans les stratégies économiques. L’Italie, autrefois en difficulté, a su enclencher des réformes majeures pour redresser son économie. « Aujourd’hui, c’est la France qui tient le rôle de bête noire de l’Europe », constate-t-il, tout en évoquant les réformes structurelles comme une nécessité pour améliorer la compétitivité du pays.
 
Avec l’acquisition récente d’Unieuro, distributeur italien d’électroménager, Fnac Darty entend renforcer sa présence en Europe pour créer un leader pesant près de 10 milliards d’euros. Cette stratégie vise à faire face aux grands acteurs mondiaux et à diversifier ses activités géographiquement.