Carnets de l'Economie

Intel reporte ses projets d’usines en Europe




Paolo Garoscio
17/09/2024

En septembre 2024, Intel a annoncé un report de deux ans de ses projets de construction d’usines en Allemagne et en Pologne, prévus pour renforcer ses capacités de production de semi-conducteurs en Europe. Initialement prévues pour être opérationnelles en 2025, ces installations, situées à Magdebourg en Allemagne et en Pologne, verront leur construction repoussée à 2027.


Intel reporte ses usines européennes

La principale raison invoquée par Intel pour justifier ce décalage est l’évolution de la demande de semi-conducteurs. Après un boom causé par la pénurie mondiale entre 2020 et 2022, la demande s'est progressivement normalisée. Cette baisse relative pousse aujourd’hui Intel à ajuster ses plans industriels afin de s’adapter à un contexte moins favorable. Le géant américain cherche ainsi à éviter une surcapacité qui pourrait fragiliser ses marges à long terme.

D’un point de vue industriel, ces deux usines devaient jouer un rôle clé dans la stratégie de diversification géographique de la production d’Intel, dans le cadre de ses efforts pour réduire sa dépendance à l’Asie. La répartition de la production à l’échelle mondiale est essentielle pour sécuriser l’approvisionnement en semi-conducteurs dans des secteurs aussi critiques que l'automobile ou les télécommunications, particulièrement en Europe.

Répercussions sur la stratégie industrielle européenne

Le report des projets d'Intel intervient dans un contexte où l'Union européenne cherche à renforcer sa souveraineté technologique. Avec le "Chips Act", l’Europe ambitionne d’accroître sa part de marché mondiale dans la production de semi-conducteurs, en visant 20% de la production mondiale d'ici 2030. Le retard annoncé par Intel risque cependant de compromettre ces objectifs à court terme, car l'Allemagne comptait sur ces investissements pour relancer son industrie technologique.

Le projet à Magdebourg était particulièrement stratégique, l’Allemagne ayant mis sur la table près de 10 milliards d’euros de subventions pour garantir l’installation d’Intel sur son territoire. Ce type de méga-usines (ou megafabs) constitue un levier crucial pour l’Europe dans sa volonté de renforcer sa compétitivité face aux géants asiatiques comme TSMC et Samsung. Le report d'Intel représente un défi non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour la Pologne où une deuxième usine était prévue… et pour l’Union européenne. Les deux usines, une fois achevées, devaient participer à la constitution d'un écosystème européen autour de la production de semi-conducteurs, en complément des autres projets similaires en cours.










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