Carnets de l'Economie

Expatriation : plus de la moitié des jeunes rêvent de quitter la France




Aurélie GIRAUD
22/12/2023

L'envie d'ailleurs se fait ressentir chez une majorité de jeunes Français. Un sondage d'OpinionWay pour Économie Matin met en lumière cette tendance croissante à l'expatriation. Une tendance qui est loin d'être rassurante pour l'avenir de la France.


Une jeunesse française désenchantée

Le dernier sondage d'OpinionWay pour Économie Matin révèle une donnée frappante : plus de la moitié des jeunes Français âgés de 18 à 24 ans envisagent de quitter le pays. Cette statistique, bien au-delà d'un simple chiffre, traduit un malaise profond au sein de la jeunesse, confrontée à un avenir incertain dans un pays où le taux de chômage des jeunes dépasse les 17 %, contre 7 % pour la moyenne nationale. Bruno Jeanbart, vice-président d'OpinionWay, souligne une « lassitude et un désenchantement » palpables, reflétant un désir de changement et de nouvelles opportunités. Le Canada émerge comme une destination privilégiée pour les jeunes aspirants à l'expatriation, capturant 28 % des intentions. Ce choix n'est pas anodin : le pays offre une qualité de vie élevée, une stabilité politique et économique, et des politiques d'immigration accueillantes. L'attrait pour l'Afrique progresse également, captant 9 % des intentions, tandis que l'Europe reste une destination privilégiée avec l'Allemagne, l'Italie, et le Royaume-Uni en tête.  
À noter également que le désir de départ des jeunes Français n'est pas uniforme. Il varie selon les affiliations politiques et est aussi un marqueur du fossé générationnel en France : 54 % des 18-24 ans pensent à quitter la France. À l'inverse, seuls 17 % des plus de 65 ans l'envisagent. Les électeurs de la gauche radicale et de l'extrême droite manifestent une tendance plus marquée à envisager l'expatriation. Ce n'est pas une réelle surprise : 65 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (LFI) au premier tour de l'élection présidentielle de 2022 avaient entre 18 et 35 ans. Chez Marine Le Pen (RN), cette tranche d'âge représentait 31 % de ses électeurs. Des chiffres qui démontrent une certaine forme d'insatisfaction généralisée parmi la jeunesse, quel que soit son bord politique.  

La fuite des cerveaux

Cette tendance est loin d'être rassurante pour l'avenir de la France puisqu'elle pourrait accélérer une fuite des cerveaux. Ce phénomène n'est pas seulement une perte de main-d'œuvre ; il symbolise également un gaspillage des ressources investies dans l'éducation et la formation de ces jeunes talents. Lorsque ces individus choisissent de s'expatrier, ils emportent avec eux leur savoir-faire, leur créativité et leur potentiel d'innovation, privant ainsi la France de forces vives essentielles à son développement économique et social. Un cercle vicieux se profile. En effet, il ne faut pas oublier que la fuite des cerveaux contribue aussi à un sentiment de pessimisme et de désillusion parmi ceux qui restent, renforçant le cycle de défiance envers les institutions et l'avenir du pays.  
Pour inverser cette tendance, la France doit non seulement résoudre les problèmes immédiats tels que le chômage des jeunes et le climat politique, mais aussi s'engager dans des réformes à long terme pour améliorer la qualité de vie, l'attractivité économique et les opportunités de carrière. Investir dans l'innovation, encourager l'entrepreneuriat et créer un environnement favorable aux affaires apparaît de plus en plus impératif pour la France si elle souhaite retenir les talents et attirer de nouveaux cerveaux. La France doit également réfléchir à des stratégies pour rapatrier ses talents expatriés, en leur offrant des incitations attrayantes et en reconnaissant la valeur qu'ils peuvent apporter à leur retour.  










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