Entre la durée théorique du travail et la réalité, il existe un décalage important. Ainsi, selon l’étude Randstad Award (réalisée entre septembre et décembre 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 5 958 salariés à temps plein, âgés de 18 à 65 ans), tandis que la majorité des salariés à temps plein interrogés (54,1 %) doivent travailler 35 heures par semaine selon leur contrat de travail, ils sont deux fois moins (28,4 %) à travailler effectivement 35 heures hebdomadaires, lorsqu’on prend en compte les heures supplémentaires. Plus d’un salarié à temps plein sur deux (55,9 %) a ainsi une durée hebdomadaire du travail égale ou supérieure à 36 heures d’après son contrat de travail. En comptant les heures supplémentaires, la part des salariés travaillant 36 heures ou plus par semaine monte à 71,9 %.
Ces quinze dernières années, les différentes mesures prises en matière d’organisation du temps de travail sont allées dans le sens d’un assouplissement renforcé. La loi El Khomri va dans ce sens. Selon l’article 8 de la loi Travail, une entreprise pourra, sous réserve qu’un accord d’entreprise majoritaire l’accepte, modifier le temps de travail selon des dispositions moins favorables pour le salarié que celles définies dans l’accord de branche. Si cette mesure ne remet pas en cause le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, toujours fixé à 35 heures, elle ouvre possiblement la voie à une diversité de situations encore plus grande qu’aujourd’hui.
La crise de 2008 – 2009 a été l’occasion d’observer des pratiques diamétralement opposées entre la France et l’Allemagne en matière de temps de travail. Alors que la récession fut plus forte en Allemagne qu’en France (chute du PIB de 5,6 % en 2009 par rapport à 2008 contre un recul de 2,9 % en France), l’emploi a beaucoup mieux résisté outre-Rhin que dans l’Hexagone. Le taux de chômage a à peine augmenté en Allemagne (de 7,3 % en 2008 à 7,5 % en 2009) tandis qu’il a plus fortement progressé en France (de 7,8 % à 9,4 %). Les explications sont connues : l’Allemagne s’est engagée dans une stratégie de réduction du nombre d’heures travaillées par salarié, dont la mesure la plus emblématique fut l’extension du chômage partiel – très peu mobilisé en France lors de la crise.
Selon l’étude, une part importante des salariés à temps plein serait prête à faire des concessions en matière de temps de travail et de rémunération. Près d’un sur deux (48,3 %) accepterait en effet l’idée de travailler plus sans gagner plus – pour une durée déterminée – si son employeur rencontrait des difficultés.
En revanche, le premier motif qui conduirait les salariés en France à travailler davantage est financier : la raison la plus fréquemment citée par les salariés interrogés (86,3 % parmi plusieurs réponses possibles) est d’augmenter son salaire. Ce motif devance largement les autres, dont notamment le fait de « franchir une nouvelle étape dans sa carrière », deuxième explication la plus fréquemment citée (par 19,7 % des sondés). A l’inverse, les raisons qui conduiraient les salariés à travailler moins portent soit sur le fait d’« avoir du temps libre pour soi », premier motif avancé par les personnes interrogées avec 66,8 % des suffrages, soit sur des préoccupations liées à la famille, aux enfants. Conclusion : lorsqu’on travaille davantage, c’est pour se consacrer « à soi » ; lorsqu’on travaille moins, c’est pour se consacrer « aux autres ».
Ces quinze dernières années, les différentes mesures prises en matière d’organisation du temps de travail sont allées dans le sens d’un assouplissement renforcé. La loi El Khomri va dans ce sens. Selon l’article 8 de la loi Travail, une entreprise pourra, sous réserve qu’un accord d’entreprise majoritaire l’accepte, modifier le temps de travail selon des dispositions moins favorables pour le salarié que celles définies dans l’accord de branche. Si cette mesure ne remet pas en cause le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, toujours fixé à 35 heures, elle ouvre possiblement la voie à une diversité de situations encore plus grande qu’aujourd’hui.
La crise de 2008 – 2009 a été l’occasion d’observer des pratiques diamétralement opposées entre la France et l’Allemagne en matière de temps de travail. Alors que la récession fut plus forte en Allemagne qu’en France (chute du PIB de 5,6 % en 2009 par rapport à 2008 contre un recul de 2,9 % en France), l’emploi a beaucoup mieux résisté outre-Rhin que dans l’Hexagone. Le taux de chômage a à peine augmenté en Allemagne (de 7,3 % en 2008 à 7,5 % en 2009) tandis qu’il a plus fortement progressé en France (de 7,8 % à 9,4 %). Les explications sont connues : l’Allemagne s’est engagée dans une stratégie de réduction du nombre d’heures travaillées par salarié, dont la mesure la plus emblématique fut l’extension du chômage partiel – très peu mobilisé en France lors de la crise.
Selon l’étude, une part importante des salariés à temps plein serait prête à faire des concessions en matière de temps de travail et de rémunération. Près d’un sur deux (48,3 %) accepterait en effet l’idée de travailler plus sans gagner plus – pour une durée déterminée – si son employeur rencontrait des difficultés.
En revanche, le premier motif qui conduirait les salariés en France à travailler davantage est financier : la raison la plus fréquemment citée par les salariés interrogés (86,3 % parmi plusieurs réponses possibles) est d’augmenter son salaire. Ce motif devance largement les autres, dont notamment le fait de « franchir une nouvelle étape dans sa carrière », deuxième explication la plus fréquemment citée (par 19,7 % des sondés). A l’inverse, les raisons qui conduiraient les salariés à travailler moins portent soit sur le fait d’« avoir du temps libre pour soi », premier motif avancé par les personnes interrogées avec 66,8 % des suffrages, soit sur des préoccupations liées à la famille, aux enfants. Conclusion : lorsqu’on travaille davantage, c’est pour se consacrer « à soi » ; lorsqu’on travaille moins, c’est pour se consacrer « aux autres ».