Carnets de l'Economie

Emploi, pouvoir d’achat et risques géopolitiques : la France face aux défis de 2025




Anton Kunin
17/12/2024

À l’approche de 2025, l’économie française se heurte à des défis complexes : ralentissement du marché de l’emploi, pression sur le pouvoir d’achat, menaces géopolitiques et innovations insuffisantes. Les entreprises, les salariés et l’État devront adapter leurs stratégies face à un avenir incertain.


Moins d’offres d’emploi, une hausse salariale limitée et des difficultés de recrutement

En 2024, le marché du travail français a connu un net ralentissement. Les offres d’emploi ont chuté de 20% sur la plateforme de recrutement Indeed, reflétant une réduction sensible des opportunités. Après plusieurs années de forte dynamique, le volume d’emplois disponibles se rétracte désormais vers les niveaux de fin 2019. Cette raréfaction des postes se conjugue à une hausse salariale limitée, avec une progression moyenne de 1,6% en glissement annuel sur les offres – un rythme trop faible pour compenser pleinement les effets de l’inflation post-pandémie. Le pouvoir d’achat, notamment pour les ménages les plus modestes, reste affaibli, la perte pouvant atteindre 510 euros par an pour les 10% les moins aisés.

Si le taux de chômage devrait rester relativement stable autour de 7,4%, la situation traduit surtout un manque d’adéquation entre l’offre et la demande de travail. L’inadéquation des compétences et la rigidité du marché de l’emploi alimentent ce déséquilibre, tandis que le halo du chômage demeure élevé. De nombreux secteurs peu attractifs (restauration, services à la personne, nettoyage) peinent toujours à recruter, avec des volumes d’offres sur Indeed demeurant 2 à 3 fois plus importants qu’avant la pandémie. Parallèlement, le nombre de plans sociaux augmente, conséquence directe de la fin des aides liées au Covid. L’enjeu de maintenir un taux d’emploi élevé, déjà renforcé par les besoins de financement de la protection sociale, requiert un pilotage fin des politiques publiques, tant sur la formation que sur la valorisation des métiers mal considérés.

Un contexte international et national peu propice à des hausses salariales importantes

Les difficultés internes s’accentuent sous la pression d’un contexte géopolitique instable. L’élection de Donald Trump aux États-Unis ravive les craintes d’une hausse des tarifs douaniers, menaçant des filières stratégiques françaises – agroalimentaire, luxe, aéronautique – déjà touchées par des chaînes d’approvisionnement désorganisées et l’envolée des coûts de production. Les PME, particulièrement exposées à ces turbulences, subissent de plein fouet l’augmentation des coûts logistiques, tandis que l’incertitude au Moyen-Orient pèse sur les prix de l’énergie. En parallèle, l’effort de défense français, porté à 50,5 milliards d’euros, pourrait structurer un écosystème industriel et fournir des emplois qualifiés, soutenant ainsi la compétitivité nationale.

Toutefois, ce soutien sectoriel ne saurait compenser entièrement la faiblesse de l’innovation et le déficit d’adoption des technologies d’avenir comme l’IA. Malgré une hausse notable des offres liées à l’IA générative (+6,8 fois en un an), elles restent marginales (0,2% des annonces), freinant le gain de productivité nécessaire. Par ailleurs, la crise du logement entrave la mobilité, même dans un contexte de télétravail stable (environ 12% des offres le proposent). Les prix immobiliers élevés bloquent les étudiants et jeunes actifs, limitant leur accès aux régions dynamiques. À cela s’ajoute une équation budgétaire compliquée, avec un déficit dépassant 6% du PIB en 2024. Le financement des retraites, l’équilibre entre fiscalité du travail et du capital, ainsi que le profil des allègements de cotisations, restent au cœur des arbitrages. Le modèle social français, la compétitivité et la qualité des emplois demeurent en jeu dans une France confrontée à des pressions économiques, sociales et géopolitiques.


Tags : emploi








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