Carnets de l'Economie

Diplôme ou pas, l’écart de salaire n’est plus ce qu’il était il y a 20 ans




Anton Kunin
27/02/2019

Les choses ont bien changé depuis les années 1990 : être diplômé du supérieur ne se traduit plus par un salaire considérablement plus élevé. Ce phénomène a plusieurs causes, que les spécialistes du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) s’attachent à expliquer dans leur nouvelle étude.


L’écart entre les salaires des diplômés du supérieur et ceux des non-diplômés se réduit

Si le diplôme reste un sésame pour décrocher un emploi (plus de la moitié des non-diplômés étaient sans emploi en 2015, pour seulement 5% des diplômés de grandes écoles), l’effet positif qu’il peut avoir sur le salaire apparaît moins évident. C’est la thèse que soutiennent, statistiques à l’appui, les spécialistes du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), un établissement sous tutelle de l’Éducation Nationale et du ministère du Travail.

En effet, chez la Génération 1992, le salaire des titulaires d’un diplôme de 3ème cycle est 1,7 fois supérieur au salaire des bacheliers, tandis que chez la Génération 2010, le salaire n’est multiplié que par 1,45. Même le fait d’avoir son bac laisse espérer dans une moindre mesure un salaire supérieur au SMIC. Pour preuve, en 2015 les titulaires d’un bac général et les titulaires d’un bac professionnel ou technologique représentaient respectivement 11 et 22% des travailleurs à bas salaires, contre seulement 7 et 16% en 1997.

Résultat de plusieurs facteurs économiques et sociaux, les salaires souffrent d’un « effet ciseaux »

Pourquoi l’écart se réduit-il donc ? Dans une société où la proportion des diplômés du supérieur s’élève à 44% (contre 27% en 1990), un candidat diplômé n’est plus une denrée rare. Le manque de visibilité des entreprises quant à leurs perspectives économiques bride par ailleurs les salaires qu’elles peuvent proposer. La progression de la part des femmes qualifiées dans les effectifs des entreprises y est aussi pour quelque chose : traditionnellement moins bien payées, elles sont également plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel. Leur arrivée massive dans la fonction publique, où les postes qualifiés sont en moyenne moins bien rémunérés que dans le privé, joue aussi son rôle.

Parallèlement à ce phénomène, on assiste à une hausse des plus bas salaires, grâce aux revalorisations annuelles du SMIC (qui, sur la période étudiée, ont été supérieures à l’inflation). Ainsi, en 18 ans, le salaire médian a augmenté de 30 à 200 euros pour les niveaux de diplôme en-deçà de la licence, tandis que celui des diplômés de grandes écoles a régressé de 220 euros. « Le gain à court-terme escompté des études supérieures ne semble plus à la hauteur de ce qu’un jeune pouvait en attendre à l’orée des années 1990 », concluent les auteurs de l’étude.










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