Carnets de l'Economie

BCE : une baisse de taux de plus, mais pourquoi ?




Aurélien Lacroix
31/01/2025

La Banque centrale européenne a tranché. Lors de sa réunion du 30 janvier 2025, l’institution monétaire de Francfort a annoncé une nouvelle réduction de ses taux directeurs, ramenant son principal taux de dépôt à 2,75 %, contre 3 % précédemment. C’est la cinquième baisse consécutive depuis juin 2024, et elle témoigne d’une volonté assumée d’accompagner la désinflation tout en relançant une économie européenne qui peine à retrouver un souffle.


BCE : un cycle d’assouplissement engagé, mais sous conditions

L’orientation prise par la BCE depuis mi-2024 tranche avec la politique menée au cours des deux années précédentes. Après avoir relevé ses taux de manière agressive entre 2022 et 2023 pour lutter contre une inflation galopante, l’institution a amorcé un virage à partir de juin 2024, initiant un cycle progressif de baisse des taux. Le taux de dépôt, qui avait atteint un pic de 4 %, a depuis été réduit de 125 points de base, un mouvement étalé sur plusieurs décisions successives afin d’éviter tout choc sur les marchés financiers.

L’argument central avancé par la BCE repose sur la stabilisation des prix à la consommation. Alors que l’inflation avait dépassé 10 % en 2022, portée par la crise énergétique et les déséquilibres post-pandémiques, elle a progressivement ralenti pour revenir à 2,4 % en décembre 2024, après 2 % en octobre. L’objectif de ramener l’inflation à 2 % de manière durable semble donc atteignable, bien que des risques persistent.

Toutefois, cette stratégie d’assouplissement ne repose pas uniquement sur la question des prix. La croissance en zone euro affiche des signes inquiétants, notamment en France et en Allemagne, où l’activité économique peine à redémarrer. L’indicateur du PIB européen est resté quasi stable sur le dernier trimestre de 2024, tandis que plusieurs secteurs industriels enregistrent des performances en demi-teinte.

Une politique monétaire divergente avec la Réserve fédérale

Alors que la BCE engage une politique plus accommodante, la Réserve fédérale américaine suit une trajectoire différente. Lors de sa dernière réunion, la Fed a décidé de maintenir ses taux dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 %, invoquant des incertitudes sur l’évolution des prix aux États-Unis.

L’autre facteur qui complique la tâche de la BCE réside dans les tensions commerciales internationales. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et l’annonce de nouvelles politiques protectionnistes, l’Europe pourrait être confrontée à des turbulences économiques. L’éventualité d’une hausse des droits de douane américains sur les produits européens inquiète les exportateurs, ce qui pourrait limiter les effets bénéfiques attendus d’un coût du crédit plus bas.rajectoire.

Un atterrissage progressif vers un taux neutre ?

L’un des débats majeurs au sein de la BCE concerne la destination finale de ce cycle de baisses de taux. Plusieurs membres du conseil des gouverneurs estiment qu’un taux de dépôt proche de 2 % constituerait un point d’équilibre, où la politique monétaire ne freinerait plus la croissance tout en évitant une stimulation excessive de l’inflation. Ce niveau pourrait être atteint d’ici l’été 2025, à condition que les conditions macroéconomiques continuent de se stabiliser.

Toutefois, la situation reste incertaine, et la BCE devra surveiller plusieurs paramètres avant de poursuivre dans cette voie. La prochaine réunion du 6 mars 2025 sera particulièrement scrutée. Les anticipations du marché tablent déjà sur une nouvelle baisse de 0,25 point, mais toute accélération de l’inflation ou montée des tensions économiques pourrait contraindre Francfort à ajuster sa trajectoire.










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