Une loi pour réguler l'ultra-fast fashion



Aurélien Delacroix
06/03/2024

L'ultra-fast fashion, symbole d'une consommation effrénée et de prix défiant toute concurrence, est au cœur des préoccupations politiques et environnementales. Portée par des géants comme Shein ou Temu, cette industrie est critiquée pour ses impacts dévastateurs sur l'environnement et sur l'économie locale, en raison notamment de pratiques de production et de vente massives, souvent en contradiction avec les réglementations environnementales en vigueur.


Un secteur sous haute surveillance

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a mis en avant cette question lors d'une rencontre réunissant des acteurs clés de l'écosystème de la mode, des chercheurs aux industriels, autour du passage de l'ultra-fast fashion à une mode plus durable. L'accent a été mis sur les dangers environnementaux et économiques posés par ces pratiques, notamment l'utilisation intensive de matières plastiques et les menaces sur la souveraineté économique française.

Face à cette problématique, une proposition de loi portée par Anne-Cécile Violland, députée Horizons, vise à instaurer un malus pouvant atteindre jusqu'à 10 euros par article d'ici 2030, pour contrer l'impact négatif de cette industrie. Cette mesure, qui sera examinée à l'Assemblée nationale le 14 mars, s'inscrit dans une démarche plus large visant à responsabiliser les consommateurs et les producteurs quant aux répercussions environnementales de leur activité.

Des propositions législatives contre l'ultra-fast fashion

L'initiative législative comprend également des dispositions visant à interdire la publicité pour les enseignes d'ultra-fast fashion, ainsi qu'à sensibiliser le public à travers des messages éducatifs sur les sites internet. Ces mesures s'inspirent d'exemples législatifs antérieurs, comme la loi Climat, pour aligner le secteur de la publicité avec les engagements environnementaux de la France.

L'industrie textile, l'une des plus polluantes au monde, est régulièrement pointée du doigt pour ses conséquences désastreuses sur l'environnement et sur les conditions de travail dans les pays producteurs. La proposition de loi en discussion s'attaque à ces problématiques en cherchant à moduler l'écocontribution des entreprises en fonction de leur impact environnemental, et en pénalisant les pratiques commerciales incitant à la surconsommation.

Des voix s'élèvent au sein du secteur de la mode et de l'industrie textile en faveur de cette initiative, la considérant comme une étape nécessaire pour rétablir une concurrence loyale et promouvoir des pratiques plus respectueuses de l'environnement et de l'économie locale. La mise en œuvre de ces mesures pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre les dérives de l'ultra-fast fashion.