Transition énergétique et compétitivité : pourquoi Stellantis rejoint à nouveau l’ACEA



Nicolas Egon
10/12/2024

Le constructeur automobile Stellantis, issu de la fusion de PSA et FCA, a récemment pris une décision stratégique majeure. Après avoir quitté l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) en 2023, la société fait son retour dans ce lobby influent. Cette décision, annoncée le 9 décembre 2024, marque un tournant dans la stratégie de l’entreprise. Sous l’impulsion de son président John Elkann, Stellantis réaffirme son rôle de leader dans un secteur en pleine mutation, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités économiques et réglementaires.


L’ACEA : un levier stratégique pour l’industrie automobile

L’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) représente les intérêts des grands fabricants automobiles auprès des institutions européennes. Elle œuvre à influencer les politiques publiques dans des domaines essentiels comme la transition énergétique, les normes de sécurité et la compétitivité de l’industrie. Pour Stellantis, qui opère sur un marché de plus en plus régulé, cette organisation constitue un relais essentiel pour faire entendre sa voix et s’aligner sur les grandes orientations du secteur.

En 2023, sous la direction de Carlos Tavares, le groupe avait décidé de quitter l’ACEA, jugeant ses positions insuffisamment alignées avec sa propre vision stratégique. Cependant, les réalités économiques et réglementaires semblent avoir motivé un retour pragmatique au sein de cette organisation. Ce repositionnement intervient dans un contexte où les constructeurs européens font face à des transformations sans précédent.

Une réintégration motivée par les enjeux réglementaires

L’un des facteurs majeurs de cette décision est lié à la réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) pour 2025. Ces normes, qui imposent des limites strictes aux émissions moyennes de CO₂ par véhicule, représentent un défi majeur pour l’ensemble des constructeurs européens. Face à ces contraintes, la Commission européenne a récemment laissé entendre qu’elle pourrait envisager un assouplissement de certaines exigences.

En réintégrant l’ACEA, Stellantis cherche sans doute à renforcer son influence dans ces discussions cruciales. En effet, la capacité des constructeurs à respecter ces objectifs tout en maintenant leur compétitivité est au cœur des préoccupations du secteur. Pour Stellantis, cette décision traduit également une volonté de contribuer activement à façonner les politiques publiques qui détermineront l’avenir de l’industrie.

L’importance de l’unité dans un marché en mutation

Dans une déclaration, Luca de Meo, président de l’ACEA et PDG du groupe Renault, a salué cette initiative. Il a souligné que les membres de l’organisation, bien que concurrents sur le marché, partagent des objectifs communs :
 
    « Ensemble, nous visons une transition énergétique compétitive et durable qui permette à l’industrie automobile européenne de rester un leader mondial. »
 
Cette prise de position met en lumière l’importance de la coopération dans un secteur où les enjeux environnementaux, technologiques et économiques se croisent.

Implications économiques et stratégiques

Pour Stellantis, ce retour dans l’ACEA présente plusieurs avantages économiques et stratégiques :

- Influence accrue sur les décisions réglementaires : En participant activement aux discussions, le groupe peut défendre ses intérêts face aux évolutions des politiques européennes.

- Partage d’expertise et de ressources : L’ACEA offre une plateforme collaborative pour mutualiser les connaissances et développer des solutions communes.

- Renforcement de la compétitivité : Être membre de l’ACEA permet de mieux anticiper les évolutions du marché et d’adapter les stratégies en conséquence.
 
Cette décision est également un signal fort envoyé aux marchés et aux partenaires industriels, témoignant de l’engagement de Stellantis à jouer un rôle actif dans la transformation du secteur.