Pour retrouver l’équilibre, la SNCF pourrait céder des actifs



Paolo Garoscio
10/01/2020

En mai 2019, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que la SNCF serait à l’équilibre économique en 2022, une contrepartie demandée par le gouvernement en échange de la reprise, par l’État, d’un tiers de la dette du groupe. Un projet ambitieux auquel le mouvement social contre la réforme des retraites vient mettre des bâtons dans les roues : il coûte de plus en plus cher à l’entreprise.


La grève la plus longue de son histoire

Commencée le 5 décembre 2019, la grève dans le secteur des transports, en particulier à la SNCF et la RATP, est devenue la plus longue de l’histoire du rail. Une durée qui fait craindre un mouvement social coûtant extrêmement cher à l’entreprise : si aucun chiffre officiel n’est avancé, l’estimation donnée par Jean-Pierre Farandou, PDG de l’entreprise, est de plus de 700 millions d’euros. L’entreprise perdrait, chaque jour, une vingtaine de millions d’euros auxquels s’ajoutent les promesses de remboursement des Pass Navigo des Franciliens et des abonnements TER pour le mois de décembre 2019.

Ces frais, pour Jean-Pierre Farandou, remettent en question le projet d’équilibre. Dans un entretien accordé à Paris Match et publié le 9 janvier 2020, le PDG de la SNCF se demande : « serons-nous capables de redresser le cap ? » estimant même que « pour la marge opérationnelle, ce sera difficile. » Pour la question de la dette, par contre, il a un plan.

Céder des actifs pour éponger la dette et la grève ?

Jean-Pierre Farandou ne va pas par quatre chemins pour expliquer une des solutions qui se présentent à lui pour respecter l’accord passé avec le gouvernement concernant l’équilibre de l’entreprise : « nous pourrions retrouver l’équilibre attendu en maîtrisant la dette, y compris en réalisant des cessions d’actifs » ; « nous pouvons revisiter notre portefeuille et voir ce qu’il est possible de céder dans les mois qui viennent ».

La grève à la SNCF aura également un impact à court et moyen terme : les travailleurs ayant dû se réorganiser pour se rendre au travail, ils risquent de conserver ces habitudes même après la fin du mouvement, ce qui pourrait faire baisser le nombre de voyageurs et, de fait, le chiffre d’affaires de l’entreprise. Le tout alors que le rail se prépare à sa libéralisation.