Pôle emploi : la CGT s'alarme sur la proportion d'offres d'emploi illégales



Anton Kunin
14/09/2022

Les années passent, mais le problème des offres d’emploi bidon sur le site de Pôle emploi n’est toujours pas résolu. Au terme de sa 15e étude annuelle sur le sujet, la CGT Chômeurs a conclu que pour 76% de l’ensemble des annonces mises en ligne sur le site, les employeurs sont dans l’illégalité.


Pôle emploi : les secteurs des services à la personne et du bâtiment concentrent le plus d’offres « illégales »

Alors que l’exécutif estime que les demandeurs d’emploi peuvent amplement trouver chaussure à leur pied (Pôle emploi recense actuellement sur son site 900.000 offres, pour 6 millions de candidats inscrits sur le site), selon la CGT, la vaste majorité offres d’emploi publiées bidon, mensongères voire illégales.

Les secteurs qui s’adonnent le plus aux fourberies sont celui des services à la personne et celui du bâtiment. Dans les services à la personne, 95% des entreprises diffusent des offres à temps plein ou « temps partiel choisi » – « une farce quand on sait que 70% du temps partiel est subi », commente la CGT. Dans le bâtiment, la même proportion d’offres sont mensongères, bidon ou inexistantes. « De nombreuses entreprises de travail temporaire publient des offres dans le seul but de se constituer un vivier d’intérimaires sans pour autant qu’il y ait un véritable emploi derrière l’offre », déplorent les syndicalistes. Les entreprises de travail temporaire sont elles aussi dans le viseur de la CGT Chômeurs : tous secteurs confondus, 95% des entreprises de travail temporaire diffusent des offres d’un mois ou plus alors qu’elles ne proposent, en réalité, que des contrats initiaux d’une semaine, constate le syndicat.

Les plateformes d’emploi « partenaires » à l’origine de la plupart des offres bidon

Mais en quantité absolue, ce sont les offres provenant de plateformes d’emploi comme Welljob, HelloWork et Jobintree qui posent le plus problème. En vertu d’un partenariat que Pôle emploi avait noué avec elles en 2016, ces offrent sont également republiées sur le site de Pôle emploi. Or, bien souvent, il arrive que le recruteur publie son offre sur Pole-emploi.fr, puis sur l’une de ces plateformes, espérant que son offre gagne en visibilité. Sauf que, en vertu du partenariat, ces offres sont republiées sur Pole-emploi.fr, créant un doublon. Et, une fois l’emploi pourvu, l’offre publiée automatiquement n’est jamais supprimée. Près de 90% des offres jugées « illégales » proviennent de ces plateformes, a calculé la CGT.

Si la CGT les estime illégales, c’est parce que le Code du travail (dans son article L5331-3) stipule qu’« il est interdit de faire publier […] une offre d’emploi comportant des allégations fausses ou susceptibles d’induire en erreur, et plus particulièrement sur les éléments suivants : a) l’existence, le caractère effectivement disponible, l’origine, la nature et la description de l’emploi ou du travail à domicile; b) la rémunération et les avantages annexes proposés ; et c) le lieu du travail ». Même si Pôle emploi admet le problème en théorie, l’opérateur public minimise grandement l’ampleur du problème : à l’entendre, la proportion d’offres illégales serait de l’ordre de 5% sur son site.