Planification budgétaire : le changement climatique est insuffisamment pris en compte



Anton Kunin
16/07/2024

Le dérèglement climatique pèse déjà sur l'économie française, impactant la productivité et aggravant la dette publique. Cependant, il est trop peu pris en compte par les pouvoirs publics lors de la formulation des politiques dans tel ou tel domaine.


Le dérèglement climatique pèsera sur le PIB français

Le réchauffement climatique a des conséquences tangibles sur l'économie française. Les effets sont visibles à travers la baisse de la productivité du travail, due à l'augmentation des arrêts de travail, et le déclin des rendements agricoles. De plus, la surmortalité liée aux canicules récurrentes accentue ces problèmes. Dans son rapport publié le 15 juillet 2024, la Cour des comptes qualifie ce phénomène de « choc d'offre négatif majeur », perturbant durablement les conditions de production de richesses. Les événements climatiques extrêmes, tels que sécheresses, inondations et tempêtes, impactent directement les infrastructures de transport et les exploitations agricoles, entraînant des interruptions d'activité et des tensions sur les approvisionnements.

Les projections de l’Agence de la transition écologique (ADEME), citées par la Cour des comptes, prévoient une baisse du PIB de 2 points en 2030 et de 4,5 points en 2050, si les politiques actuelles restent inchangées. Ces chiffres alarmants montrent l'urgence d'une action coordonnée pour atténuer les impacts économiques du réchauffement climatique. Il est crucial que les politiques publiques prennent en compte ces projections pour éviter une détérioration encore plus grave de la situation économique.

La dette publique risque d’augmenter à cause de l’adaptation au changement climatique

La transition énergétique, nécessaire pour combattre le réchauffement climatique, pose également des défis financiers importants. Les dépenses nécessaires pour assurer cette transition, combinées à une croissance économique réduite, risquent d'augmenter significativement le ratio de la dette publique. La Cour des comptes estime que ce ratio pourrait être supérieur de 7,5 points de PIB dès 2030 dans le scénario le plus optimiste. Cela souligne la nécessité d'une réforme fiscale, qui pourrait inclure une taxe carbone pour réduire les effets sur l'endettement public.

L'absence de coordination entre les finances publiques et les choix budgétaires nécessaires à la transition climatique est un autre problème majeur que relève la Cour des comptes. Les difficultés d'acceptabilité sociale des réformes fiscales paralysent les décisions cruciales. La Stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique, attendue courant 2024, doit intégrer ces recommandations pour une vision cohérente à long terme.

Des recettes fiscales réduites à cause du dérèglement climatique

La transition énergétique implique aussi, inéluctablement, une baisse des recettes fiscales provenant des énergies fossiles. En 2019, les droits d’accise sur les énergies fossiles ont généré des recettes fiscales nettes de 33 milliards d’euros, soit 1,4 point de PIB. Cependant, la Direction générale du Trésor a estimé que le respect des objectifs climatiques se traduirait, à fiscalité inchangée, par une perte d’accise de l’ordre de 14 milliards d’euros à l’horizon 2030 et de 33 milliards d’euros à l’horizon 2050 par rapport à 2019.

Parallèlement, la consommation d’électricité augmenterait, conduisant à une hausse des recettes d’accises sur l’électricité. Toutefois, cette augmentation serait limitée, de l’ordre de 1 milliard d’euros en 2030 et 3 milliards d’euros en 2050, et ne compenserait pas la perte des accises sur les énergies fossiles. Ces projections soulignent l'importance d'une stratégie fiscale adaptée pour soutenir la transition énergétique tout en maintenant l'équilibre des finances publiques.