Maria Santos Gorrostieta, une héroïne politique sacrifiée sur l’autel des narcos



La Rédaction
29/11/2012

Le mois de novembre 2012 a plongé une nouvelle fois le Mexique dans le deuil. Maria Santos Gorrostieta, l’ex-maire de Tiquicheo, petite ville de l'État du Michoacán, a été retrouvée morte à la suite de son enlèvement par des narcotrafiquants. Un crime dont la violence n’a eu d’égale que le courage dont a fait preuve Maria Santos Gorrostieta au cours de la guerre contre les cartels qui se jouent au Mexique.


Maria Santos Garrostieta a été enlevé le 12 novembre 2012 sous les yeux de sa propre fille. Alors qu’elle emmenait cette dernière à l’école, des hommes armés ont immobilisé son véhicule et se sont violemment saisis de sa conductrice. Maria Santos Garrostieta n’eut alors que sa coopération à offrir pour obtenir de ses ravisseurs la sécurité de sa fille.
 
Huit jours plus tard, le corps poignardé, brulé et tuméfié de Maria Santos Garrostieta était retrouvé au bord d’une route. Ce crime odieux témoigne de la violence qui caractérise l’opposition des pouvoirs publics mexicains et de ses représentants aux cartels de la drogue qui gangrènent ce pays.
 
Pour lutter contre l’endémie du trafic de drogue au Mexique, le président Felipe Calderon a inauguré, selon ses mots, une véritable « guerre contre le trafic de drogue » en décembre 2006. Avec le concours de l’armée et de l’administration, Felipe Calderon a lutté pendant plus de 5 ans maintenant contre un commerce régi par des organisations tentaculaires.
 
Face à ces cartels qui n’hésitent pas à recourir à la violence pour asseoir leur puissance, Felipe Calderon défend son bilan. Plusieurs milliers de tonnes de marijuana, plus d’une centaine de tonnes de cocaïne et plusieurs dizaines de tonnes de méthamphétamines ont été saisis durant son mandat. La guerre contre le trafic de drogue a ainsi entrainé un manque à gagner de 14,5 milliards de dollars pour les cartels.
 
Cette politique drastique n’a été possible qu’au prix du soutien indéfectible des responsables politiques et administratifs locaux. Dans cette vaste entreprise d’éradication du trafic de drogue, Maria Santos Gorrostieta s’est illustrée à plusieurs reprises. Dans l’État du Michoacán où elle fut élue, elle avait résisté aux pressions des barons de la drogue. Sa fermeté à leur égard lui avait valu de faire l’objet de deux attentats, en octobre 2009 et en janvier 2010, dont elle ressort gravement blessée.
 
S’étant retiré de la vie politique en 2011, Maria Santos Gorrostieta n’en était pas moins resté fidèle à son engagement contre le narcotrafic. Afin de continuer à soutenir l’effort de lutte, elle prend l’initiative de publier des photos des blessures qui l’ont affligée à la suite des attentats dont elle fut la cible. Mutilée à vie et atteinte dans ses fonctions vitales, Maria Santos Gorrostieta a toujours refusé de s’avouer vaincue face aux cartels. Son courage et sa détermination resteront dans la mémoire de la nation mexicaine, et à n’en pas douter, dans celle de la communauté internationale.