Le nouveau gouvernement à l’épreuve : Michel Barnier face au risque de censure



Paolo Garoscio
06/09/2024

La scène politique française traverse une période d’incertitude, marquée par une forte instabilité institutionnelle. Après plusieurs mois sans gouvernement à la suite de la démission de Gabriel Attal en juillet 2024, le président Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier pour prendre la tête de l'exécutif ce 5 septembre 2024.


Le contexte politique : une majorité introuvable

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et les législatives anticipées qui ont suivi, Emmanuel Macron fait face à un véritable casse-tête politique. Avec une majorité parlementaire éclatée, il est devenu difficile de gouverner sans risquer une motion de censure. Le président a ainsi cherché une personnalité capable de former un gouvernement qui pourrait obtenir un soutien suffisant au sein de l’hémicycle pour éviter une déstabilisation rapide. À 73 ans, Michel Barnier revient sur le devant de la scène politique française avec une carrière riche et variée. Originaire de la Savoie, il débute au gouvernement en 1993 lorsqu’il est nommé ministre sous la présidence de Jacques Chirac. Il occupe à plusieurs reprises des postes importants au sein du gouvernement français, notamment sous les présidences de Nicolas Sarkozy, et fait figure de diplomate aguerri à l’international.

La nomination de Michel Barnier, ancien ministre et négociateur du Brexit pour l'Union européenne, ne garantit pas immédiatement l'approbation de tous les partis. À droite, Les Républicains (LR) se montrent hésitants à soutenir un gouvernement de coalition, tandis qu’à l’extrême droite, le Rassemblement National (RN) critique durement cette nomination. À gauche, les partis comme La France Insoumise n'ont pas tardé à annoncer leur intention de déposer une motion de censure dès la formation du gouvernement.

Une situation délicate avec le RN en position d'arbitre

Le Rassemblement National, désormais troisième force politique à l’Assemblée, joue un rôle clé dans l'avenir de ce gouvernement. Bien que le parti d’extrême droite n’ait pas encore pris de position officielle sur un éventuel soutien ou rejet du gouvernement Barnier, les premières réactions de ses députés laissent présager un accueil hostile. Jean-Philippe Tanguy n'a pas mâché ses mots en critiquant durement l'âge et le parcours de Barnier, le qualifiant de "fossile politique".

Ce jugement sévère souligne un enjeu fondamental : Barnier peut-il rassembler suffisamment de soutien pour éviter la censure ? La question reste ouverte, car le RN pourrait tout à fait se positionner en arbitre des débats à l’Assemblée, avec la capacité de faire basculer les votes en faveur ou contre le gouvernement.