La région parisienne se dotera de routes photovoltaïques



Anton Kunin
08/02/2017

Intégrer des panneaux photovoltaïques au sein même de la chaussée ? La région parisienne est la dernière en date à vouloir tester le concept et vient de commander deux tronçons.


L’autoroute solaire : 5 millions d’euros d’investissements en R&D

Après des tronçons expérimentaux de ce nouveau type de route déjà inaugurés à Marseille et en Vendée et surtout à Tourouvre-au-Perche, dans l’Orne, non loin de la société qui fabrique les dalles photovoltaïques, c’est au tour des communes franciliennes de Boulogne-Billancourt et d’Issy-les-Moulineaux d’expérimenter cette technologie made in France. Le projet a été réalisé par la société Colas, filiale du groupe Bouygues, et se base sur les recherches menées depuis cinq ans par l’Institut national de l’énergie solaire (INES) et le CEA Tech.

Le développement de la technologie derrière cette route photovoltaïque a nécessité un investissement de 5 millions d’euros, entièrement pris en charge par l’État. Le Ministère de l’Environnement est en effet très enthousiaste vis-à-vis de ce projet : lors de l’inauguration du premier tronçon dans l’Orne, en décembre 2016, Ségolène Royal a même révélé l’existence d’un « plan de déploiement national des routes solaires ». Celui-ci stipule l’objectif de créer en France 1 000 km de voies solaires à l’horizon 2022.

Un projet qui soulève des doutes

Mais l’idée d’intégrer des panneaux solaires dans une autoroute n’est pas aussi géniale qu’elle peut paraître à première vue. Tout d’abord, n’étant pas inclinés, les panneaux photovoltaïques routiers ont un rendement moindre que leurs équivalents classiques. Ensuite, l’électricité produite par ce moyen est beaucoup plus chère : un watt produit à puissance maximale coûte 17 euros, contre seulement 1,3 euro pour une toiture solaire. Vu cet écart criant, le concept soulève des doutes quant au bien-fondé de ce projet.

De plus, on ne connaît pas encore la durée de vie de ces autoroutes en conditions réelles. Pourtant, pour décider de la poursuite du déploiement, il aurait été utile de connaître leur rythme d’usure. Si les véhicules qui passent amoindrissent rapidement les capacités de production électrique, la valeur de cette autoroute pourrait bien être faible. Du moins sur leur site Internet, les inventeurs ont choisi de ne pas communiquer sur ces paramètres.

N’empêche, dans les Hauts-de-Seine, les tronçons de cette autoroute solaire feront 100 m² dans chacune des deux communes. Celui de Boulogne-Billancourt devrait servir à alimenter la piscine municipale. Le coût de ce projet, entièrement financé par l’État, est estimé à 300.000 euros pour chacun des sites.