La dette française atteint un sommet historique



Jean-Baptiste Le Roux
27/09/2024

La dette publique de la France continue de grimper, atteignant un niveau record de 3 228,4 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre 2024. Alors que le déficit public s'aggrave et que la note souveraine du pays est dégradée, le gouvernement doit prendre des mesures drastiques pour éviter une crise budgétaire.


Un nouveau pic historique pour la dette publique

La dette française atteint désormais 112% du PIB. Wikipedia
La dette publique française a franchi un seuil inquiétant. Selon les dernières données de l’Insee, elle s'élève à 3.228,4 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre 2024. Cela représente 112% du produit intérieur brut (PIB) du pays, contre 110,5% seulement quelques mois plus tôt. Depuis la crise sanitaire de 2020, les finances publiques n'ont cessé de se détériorer, amplifiées par les dépenses pour soutenir l'économie et les ménages.

En un an, la dette s'est alourdie de plus de 175 milliards d’euros, poursuivant une tendance alarmante entamée après la pandémie. À titre de comparaison, la dette représentait moins de 100% du PIB avant 2019. Le gouvernement français se retrouve désormais bien au-dessus du seuil de 60% fixé par les règles budgétaires européennes, une situation qui place le pays parmi les plus endettés de la zone euro.

Des causes multiples à l'origine de cette spirale

Le poids de la dette est le résultat de plusieurs décennies d'accumulation de déficits. Comme l’a rappelé le ministre de l’Économie, Antoine Armand, ce niveau record est le fruit de "50 ans de déficit public". Depuis la pandémie, le recours massif à l'endettement a aggravé la situation. Les dépenses publiques ont augmenté pour soutenir les entreprises et les ménages touchés par les restrictions sanitaires. Parallèlement, les recettes fiscales ont chuté, accentuant encore le déséquilibre budgétaire.

La hausse récente de la dette provient principalement de l'État, avec une augmentation de 69,9 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024. Les administrations de Sécurité sociale ont également vu leur dette croître de 4 milliards d’euros, tandis que celle des administrations locales a légèrement baissé. Cette situation a coûté cher à la France, avec une charge de la dette qui ne cesse de grimper. Les intérêts à payer devraient passer de 46 milliards d’euros en 2022 à plus de 72 milliards en 2027, d’après les prévisions actuelles.

Les défis à venir pour redresser les finances

La situation est critique et le gouvernement doit désormais agir pour éviter une dérive incontrôlée. Le Premier ministre, Michel Barnier, a promis de présenter un projet de budget pour 2025 axé sur la réduction des dépenses publiques. Il prévoit des coupes drastiques pour tenter d’enrayer cette hausse vertigineuse de la dette. Des hausses fiscales, notamment ciblées sur les ménages les plus aisés et les grandes entreprises, sont également à l'étude.

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a averti que le déficit public pourrait dépasser 6% du PIB en 2024, bien au-dessus du seuil de 3% fixé par l'Union européenne. Cette dérive budgétaire pourrait encore affaiblir la position de la France au sein de la zone euro, alors que le pays fait déjà l'objet d'une procédure pour déficits publics excessifs par la Commission européenne.  

Une dégradation de la note souveraine

Cette détérioration des finances publiques a également eu un impact sur la note souveraine de la France. En mai 2024, l’agence de notation S&P Global Ratings a dégradé la note du pays, faisant de la France l’un des États les moins bien notés de la zone euro, à l’exception de la Grèce et de l’Italie. Cette dégradation pourrait rendre plus coûteux l’accès aux marchés financiers pour la France, augmentant encore le coût de sa dette.