Gaz à effet de serre : les géants de l’agroalimentaire pointés du doigt



Anton Kunin
18/07/2018

Alors que le débat public sur les émissions de gaz à effet de serre se focalise autour des secteurs des transports et des hydrocarbures, les ONG Grain et IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy) alertent sur le fait que la contribution des filières de la viande et du lait est sous-évaluée.


Lait et viande : seuls 10 à 20% des émissions réelles de gaz à effet de serre entrent dans les calculs

Sur les 35 plus grands producteurs mondiaux de viande et de lait, seules quatre entreprises fournissent des estimations d'émissions de gaz à effet de serre complètes et crédibles. Tel est le constat formulé par les ONG Grain et IATP, dont les militants ont passé au crible les bilans publiés par ces géants de l’agroalimentaire. Les bons élèves sont NH Foods (Japon), Nestlé (Suisse), FrieslandCampina (Pays-Bas) et Danone (France).

Pourquoi le reste des grands producteurs, présenteraient-ils donc des estimations faussées ou irréalistes ? Tout simplement parce que l’immense majorité des firmes opèrent un calcul restrictif, qui ne prend pas en compte les émissions de l’ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Or, si l’on additionne l’ensemble des émissions, de la production des aliments pour animaux au méthane rejeté par les bovins, on arrive à un chiffre très différent. Et pour cause : ces émissions représentent généralement entre 80 et 90% des émissions de la viande et des produits laitiers.

Les géants de l’agroalimentaire sont largement en mesure de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre

Selon les auteurs de l’étude, les producteurs de viande et de lait ont leur part de responsabilité dans le fait que les bilans des émissions de gaz à effet de serre du secteur agroalimentaire sont faussés. « En tant qu'entreprises très intégrées verticalement, elles exercent un contrôle important et souvent direct sur leurs chaînes d'approvisionnement, où interviennent la plupart des émissions liées à leurs produits, notamment les parcs d'engraissement et de transformation, les systèmes d'agriculture contractuelle et les unités de production d'alimentation animale », peut-on lire dans cette étude.

Autre phénomène pointé du doigt : les accords de libre-échange. Car à mesure que ces derniers ont permis une ouverture de nouveaux marchés, les producteurs se sont mis à exporter massivement, engendrant de nouvelles émissions de gaz à effet de serre dues au transport de leurs produits. Ce constat se vérifie par exemple sur les exportations de porc par les producteurs américains.