François Bayrou : un vétéran politique à Matignon



Grégoire Hernandez
13/12/2024

Les couloirs de l’Élysée bruissent de rumeurs depuis plusieurs jours. Ce choix, loin de faire l’unanimité, pourrait bien marquer un tournant pour la Vᵉ République, tellement la crise politique semble profonde.


François Bayrou : un monstre politique

François Bayrou n’est pas un inconnu dans le paysage politique français, loin de là. Né en 1951, cet homme des Pyrénées-Atlantiques a forgé sa carrière sur des valeurs de consensus et de pluralisme. Ancien ministre de l’Éducation nationale dans les années 90 et président de l’UDF, il a ensuite fondé le MoDem en 2007, se positionnant comme un pilier du centre. Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, il a été récompensé en 2017 avec un poste de ministre de la Justice éphémère, puis Haut-Commissaire au Plan en 2020.
Dans les rangs de ses fidèles, on le décrit comme un homme « prêt » à affronter les responsabilités. « Il incarne une stabilité que peu de figures politiques peuvent offrir », confie un proche. Ce mélange d’expérience et de pragmatisme a souvent été salué, mais il suscite également son lot de critiques. Est-il vraiment l’homme de la situation pour surmonter la crise économique et politique actuelle ?

Emmanuel Macron, confronté à une Assemblée nationale plus que fragmentée depuis les législatives anticipées de juillet 2024, a besoin d’un allié capable de rassembler. François Bayrou, habitué des alliances centristes, apparaît comme un choix logique pour calmer les tensions. Sa capacité à négocier avec des groupes opposés, comme le Rassemblement National (RN) et une partie de la gauche, pourrait jouer un rôle clé.
Cependant, tout n’est pas gagné. À peine nommé, il va probablement faire face à une motion de censure déposée par La France Insoumise. Mathilde Panot qualifie cette décision de « sursis pour Emmanuel Macron », tandis que Manuel Bompard parle d’un « bras d’honneur à la démocratie ». Cependant, cette censure ne devrait pas être votée par une majorité de l'Assemblée. Le RN et ses alliés (Éric Ciotti, Jordan Bardella) préfère temporiser et attendre son discours de politique général. 


Priorité : le budget 2025

Au-delà des considérations politiques, François Bayrou hérite d’un chantier colossal. La préparation du budget 2025 sera son premier test. Dans une Assemblée où aucune majorité claire ne se dégage, il devra convaincre bien au-delà des lignes partisanes. Son approche, basée sur le dialogue et la recherche d’un consensus, pourrait jouer en sa faveur.
Mais le temps presse. La dissolution de l’Assemblée nationale, envisagée par Emmanuel Macron pour juillet 2025 au minimum, reste une option en cas d’échec. Ce calendrier serré place François Bayrou sous une pression intense. Sa réputation de fin négociateur sera mise à rude épreuve pour éviter des blocages institutionnels.

François Bayrou a souvent plaidé pour un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent ». En réunissant des personnalités aux profils variés, il espère désamorcer les tensions et répondre aux attentes des Français, lassés des divisions.
Toutefois, le scepticisme reste de mise. Les critiques pointent du doigt ses choix passés et ses accointances politiques. Parviendra-t-il à s’imposer dans un paysage fracturé, ou deviendra-t-il un Premier ministre de transition comme son prédécesseur Michel Barnier ?