Écotaxe : le principe d’une version régionalisée validé par les députés



Paolo Garoscio
16/03/2021

Rien n’est encore acté, puisque l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée sur le texte, mais l’affaire commence déjà à créer des remous. En commission, les députés ont validé le principe d’une écotaxe régionalisée, même si elle ne prend pas explicitement ce nom. Ce sera lors du vote de la loi Climat, prévu pour mars 2021, que la nouvelle mesure sera, ou non, actée.


Une nouvelle écotaxe régionalisée

Pixabay/Schwoaze
Lancée en 2014, sous François Hollande, l’écotaxe restera peut-être l’un des plus gros échecs de son quinquennat. Sa mise en place avait donné lieu au mouvement des Bonnets rouges, né dans l’ouest de la France, qui avaient ravagé les portiques au point de faire abandonner le projet au gouvernement en 2016. Coût estimé de l’expérimentation : 10 milliards d’euros de perte nette pour l’État français.

Un temps crue définitivement abandonnée, l’écotaxe est en réalité régulièrement revenue sur le devant de la scène, sous différentes formes. La dernière : une « contribution » de la part des sociétés de transport utilisant des camions. Une nouvelle forme de l’écotaxe, donc, mais avec un changement : la régionalisation. Loin d’être un principe national, ce seront les régions qui décideront si, et où, imposer cette contribution. De quoi dédouaner le gouvernement, en somme.

Une taxe qui risque de faire empirer le problème

Comme dans sa première version, l’idée de base de l’écotaxe est simple : en faisant payer plus cher le transport par camion, le secteur de la logistique serait incité à utiliser des moyens de transport moins polluants, comme le train. Sauf que cette logique risque d’être inapplicable si l’écotaxe est régionalisée. C’est en tout cas ce que craignent déjà certains élus.

Le gouvernement répond en effet ici à la demande de la Collectivité européenne d’Alsace qui veut, avec cette commission, désengorger l’autoroute A35. Dans la région voisine de la Lorraine, on s’inquiète déjà que les camions n’empruntent, pour éviter de payer, l’A31.

Et une telle situation pourrait se répéter dans toutes les zones où l’écotaxe ne serait pas imposée : un transporteur pourrait tout simplement changer son trajet, quitte à rouler un peu plus longtemps. Avec, à la clé, une surconsommation de carburant et une surproduction de CO2 et de particules fines… les deux fléaux environnementaux que l’écotaxe vise justement à combattre.