DSV rachète Schenker : une opération qui redéfinit la logistique mondiale



Paolo Garoscio
13/09/2024

Le 13 septembre 2024 marque une date clé dans l'histoire de l'industrie logistique. DSV, le colosse danois du transport et de la logistique, a annoncé l'acquisition de Schenker, la filiale logistique de Deutsche Bahn (DB), pour un montant de 14,3 milliards d'euros. Cette transaction, parmi les plus importantes dans le secteur, bouleverse les équilibres du marché et fait de DSV un leader incontesté dans la gestion des chaînes d'approvisionnement à l’échelle mondiale.


Une fusion stratégique pour renforcer la domination mondiale de DSV

Fondée en 1976 au Danemark, DSV est aujourd'hui l'une des entreprises les plus influentes du secteur logistique, spécialisée dans le transport routier, maritime et aérien. L'acquisition de Schenker s'inscrit dans une stratégie de croissance externe qui a permis à DSV de croître rapidement au cours des dernières décennies. Avec ce rachat, DSV renforce ses positions, notamment en Europe, et se positionne comme un acteur incontournable face à ses principaux concurrents tels que DHL, Kuehne + Nagel ou encore UPS.

Schenker, avec son expertise logistique et sa présence dans plus de 90 pays, représente un atout stratégique de taille. Son intégration dans DSV permettra à ce dernier de consolider ses capacités dans le transport terrestre et de développer davantage ses services logistiques en matière de gestion de la chaîne d'approvisionnement et de solutions sur mesure pour les entreprises.

Une transaction record pour la pépite allemande

L'opération, valorisée à 14,3 milliards d'euros, est le fruit de négociations complexes. Schenker, créée en 1872 et rachetée par Deutsche Bahn en 2002, a toujours été l’un des fleurons de la logistique européenne. Ses activités, qui représentent une part importante du chiffre d'affaires de DB, étaient pourtant jugées non stratégiques par l’opérateur ferroviaire allemand, qui préfère désormais se concentrer sur son cœur de métier : le transport ferroviaire de passagers.

En se séparant de Schenker, Deutsche Bahn espère combler une partie de son déficit, qui s'élève à près de 32 milliards d'euros. Cette vente lui permet également de dégager des fonds pour moderniser ses infrastructures ferroviaires, notamment dans le cadre de la transition énergétique et de l’amélioration de la qualité des services de transport de passagers. Cependant, cette décision a suscité de nombreuses critiques en Allemagne, notamment de la part des syndicats et des associations d’usagers des transports publics. Ces derniers accusent Deutsche Bahn de vendre un de ses actifs les plus rentables, à un moment où l’entreprise devrait se concentrer sur la réduction de sa dette et l’amélioration de ses infrastructures ferroviaires vieillissantes. Les syndicats allemands, notamment Verdi, ont exprimé leur opposition à cette vente, craignant des suppressions d'emplois massives. Selon les estimations, la fusion avec DSV pourrait entraîner la suppression de 5 300 postes, soit environ 7 % des effectifs de Schenker. Ces craintes sont amplifiées par le fait que DSV a, par le passé, adopté une politique de rationalisation et de réduction des coûts suite à des acquisitions précédentes.