Chômage : la crise attendue en 2025 a-t-elle déjà commencé ?



Paolo Garoscio
27/12/2024

Les perspectives pour l’année 2025 sur le marché de l’emploi en France s’avèrent particulièrement préoccupantes. Selon les projections de l’INSEE, le taux de chômage, actuellement estimé à 7,4 %, devrait s’élever à 7,6 % dès le milieu de l’année.


Chômage et destructions d’emploi attendus en 2025

La situation pourrait se dégrader encore davantage, avec l’OFCE qui anticipe une montée à 8 % d’ici la fin 2025, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis près d’une décennie. La Banque de France, quant à elle, projette un taux moyen annuel de 7,8 %, soulignant la profondeur des difficultés auxquelles l’économie française devra faire face.

Ces prévisions s’accompagnent d’une estimation de 143 000 emplois détruits pour l’année 2025, touchant majoritairement les secteurs traditionnels comme l’industrie et les services à faible valeur ajoutée. Ce recul du marché du travail reflète une conjoncture économique marquée par des incertitudes budgétaires, une consommation atone des ménages et un investissement des entreprises largement en retrait.

Des chiffres récents qui confirment la dégradation sur le front du chômage

Les données de novembre 2024 illustrent déjà cette tendance préoccupante. Le chômage en catégorie A, regroupant les personnes sans activité, a augmenté de 1,43 % par rapport au mois précédent, soit 44 400 nouveaux inscrits. Ce chiffre porte le total à 3,145 millions de demandeurs d’emploi, marquant une accélération par rapport aux mois précédents. Les catégories B et C, qui incluent les demandeurs d’emploi en activité réduite, affichent également une progression, portant le nombre total de chômeurs à 5,487 millions.
Le phénomène de chômage de longue durée continue de peser lourdement : 43,3 % des demandeurs d’emploi sont inscrits depuis au moins un an, un niveau particulièrement préoccupant. Ces données traduisent une difficulté croissante à retrouver un emploi stable, même dans un contexte où certains secteurs affichent encore des tensions de recrutement.

Une dynamique inquiétante sur le dernier trimestre 2024

Les tendances observées au quatrième trimestre 2024 marquent un tournant par rapport aux mois précédents. Entre juillet et septembre 2024, le marché de l’emploi avait montré des signes de relative stabilité, avec une hausse modérée de 0,2 % du nombre de chômeurs en catégorie A. Mais dès octobre, la situation s’est inversée, avec des hausses mensuelles nettement plus marquées.
Cette accélération coïncide avec plusieurs facteurs structurels et conjoncturels. D’une part, la vague de plans sociaux annoncés par des entreprises comme Michelin, Valeo et Auchan a laissé des milliers de salariés sans solution immédiate. D’autre part, les incertitudes liées à la réforme de France Travail, prévue pour janvier 2025, ont pu contribuer à une hausse des inscriptions anticipées à Pôle emploi.
Les prévisions pour 2025 et les chiffres actuels dressent un tableau sans ambiguïté : le chômage en France connaît une dynamique inquiétante, marquée par une hausse rapide et une dégradation des perspectives à court terme. Toutefois, des leviers d’action existent, notamment dans les domaines de la formation et de l’investissement ciblé. À ce stade, l’enjeu est de contenir cette progression pour éviter qu’elle ne se transforme en crise sociale de grande ampleur.