Assurance chômage : un excédent raboté par les prélèvements de l'État



Anton Kunin
23/10/2024

Malgré des prévisions financières positives, l'Unédic voit son excédent 2024 révisé à la baisse à 300 millions d'euros en raison des prélèvements de l'État. Les perspectives de réduction de la dette restent freinées par des décisions gouvernementales, alors que la dette liée à la Covid-19 pèse encore lourdement sur le régime.


Unédic : vers un excédent trois fois moindre qu’initialement prévu

L'Unédic, l’opérateur en charge de la gestion de l’assurance-chômage, vient d’ajuster ses prévisions financières pour l'année 2024. Alors qu'il tablait initialement sur un excédent de 900 millions d'euros, celui-ci est désormais réévalué à 300 millions d'euros. Ce réajustement reflète notamment les prélèvements de l'État qui ont un impact direct sur le régime. En effet, sans ces ponctions, l'excédent aurait pu atteindre 3,1 milliards d'euros. Le manque à gagner provient principalement des exonérations de cotisations patronales, dont les compensations prévues par l'État sont en partie réduites.

Malgré cet excédent limité pour 2024, l'Unédic prévoit une amélioration continue des finances du régime d'assurance chômage dans les années à venir, avec un excédent de 1,8 milliard d'euros en 2025, 3,5 milliards en 2026 et 9,4 milliards en 2027. Ces résultats seraient cependant plus importants sans les prélèvements de l'État, qui freinent la réduction de la dette du régime. En 2027, la dette de l'assurance chômage atteindrait 44,3 milliards d'euros, une charge qui aurait pu être réduite à 31,3 milliards en l'absence des interventions gouvernementales.

La faible dynamique des créations d’emplois empêche un désendettement rapide de l’Unédic

La situation économique dégradée complique également le désendettement du régime. Alors que les dépenses de l'Unédic devraient diminuer progressivement jusqu'en 2027, passant de 44,9 milliards en 2024 à 41,7 milliards d'euros en 2027, la trajectoire de désendettement est entravée. L'Unédic doit notamment recourir à l'emprunt pour honorer ses échéances de remboursement, avec un coût supplémentaire estimé à 900 millions d'euros entre 2023 et 2027. Ces décisions gouvernementales cumulées devraient ainsi réduire de près de 13 milliards d'euros la capacité de l'Unédic à se désendetter sur cette période.

En parallèle, la situation de l'emploi reste un facteur déterminant dans l'équilibre des comptes de l'Unédic. Les créations d'emploi, bien qu'existantes, devraient être limitées en 2024 (+38.000) et 2025 (+31.000). Une reprise plus marquée est attendue à partir de 2026, avec 131.000 emplois créés cette année-là, puis 146.000 en 2027.